Les protestations fusent de toutes parts ces derniers jours…je me rue donc sur ma plume pour reprendre la suite du récit avant que nous ne perdions tous nos lecteurs…
e pensais pouvoir m’octroyer une petite pause qui passerait inaperçue au regard de l’actualité française trépidante qui devrait normalement vous accaparer, mais il n’en est rien. J’en déduis pour ceux qui se sont joyeusement lâchés sur les vannes ces derniers temps que l’avenir de leur pays est passé au second rang de leurs préoccupations, pour nous gratifier d’une fidélité exemplaire dont nous sommes particulièrement reconnaissants, alors continuez car ce n’est pas fini, encore 120 jours et vous serez libres !
Il faut reconnaitre que nous n’avons pas donné beaucoup de nouvelles, non pas qu’il ne se soit rien passé, bien au contraire : nous avons eu un programme bien chargé au Pérou et sommes depuis arrivés en Equateur où nous aurions tendance à prendre racine, et vous verrez pourquoi dans le prochain numéro.
Revenons donc là ou nous vous avions laissé, c’est à dire au 10 Mars (2012 tout de même pour les mauvaises langues que vous n’êtes pas), lorsque nous approchons de Nazca, ville située non loin du Pacifique. Les paysages andins ont laissé place au désert, et nous avons l’impression d’arriver dans le Sahara à la mode Péruvienne, avec des dunes monumentales.
Nazca donc : une nuit d’arrêt ! Nous n’y resterons pas plus, la ville ne nous plait pas du tout, et il nous a fallu négocier à la limite du crêpage de chignon pour bivouaquer sur le parking de l’hôtel des Papi-Mamie. Seul le cimetière archéologique de Chauchilla, situé à une vingtaine de kilomètres au sud, présente pour nous un intérêt. Nous y découvrons des momies et c’est un petit amuse-gueule qui nous entrainera pour mieux explorer les civilisations pré-incas qui nous attendent un peu plus loin.
Dès le lendemain matin, nous arrivons sur le site qui doit à Nazca sa célébrité, là où sont tracés les Géoglyphes, immenses et mystérieuses figures au sol d’animaux qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres. L’échelle de l’ouvrage est telle qu’il est nécessaire de survoler la zone en avion pour visionner les dessins, mais nous ne tenterons pas l’aventure, fortement déconseillée, aux vues de l’état des appareils assurant l’expédition.
Nous nous contenterons du modeste mirador installé au bord de la route principale (qui traverse les dits géoglyphes d’ailleurs !), et qui ne nous donnera qu’un très bref aperçu de la situation, les dessins étant gigantesques et peu visibles du haut des 30 mètres qu’offre le point de vue.
Nous reprenons la route en traversant sans discontinuer des paysages de désert, et à notre arrivée près de la ville d’Ica, la tentation est forte d’aller arpenter les dunes de sable. C’est en Buggy que nous ferons le voyage, le tout assorti de quelques descentes en surf façon débutant… (allongés sur la planche, où mieux, avec atterrissage la tête dans le sable à pleine vitesse comme j’ai pu expérimenter…quand je vous dis que le sport ne m’aime pas !). Le conducteur du Buggy n’est pas avare de sensations fortes, c’est mieux que le grand huit avec les paysages en plus.
On s’est donc tous bien marrés !
Avant le départ, on a tout de suite l’air plus décontracté…
Nous poursuivons plein nord et le temps de faire quelques centaines de kilomètres, deux pauses dodo et quelques baignades dans l’Océan près du Parc de Paracas et dans le petit port de Cerro Azul, nous reprenons la route ce 14 mars 2011 pour rejoindre l’immense capitale du Pérou, Lima.
La traversée de Lima est à elle seule un voyage, et nous faisons l’impasse sur la visite de la ville, bien trop grouillante à notre gout avec notre engin spatial, et rien de bien spécial ne nous donne envie de tenter l’aventure.
C’est en plus ici que notre périple famille élargie se termine, nous confions nos Papi et Mamie Roux à notre belle compagnie nationale pour un vol retour vers la France qui génère un grand moment de tristesse pour tout l’équipage Maynardos.
Nous avons passé 3 semaines ensemble super sympas, et nous avons tenu notre timing un tantinet speed, malgré les conditions de route compliquées.
Nous mettons plusieurs heures à réaliser que nous sommes à nouveau seulement tous les cinq. Un grand merci à eux pour cette superbe aventure tous ensemble et mille mercis également pour leur brio afin d’assurer pour nous toute la paperasserie de notre virtuelle vie française, et ce n’est pas rien ! (parce qu’il faut effectivement une base arrière en France pour que ça tourne cette affaire) !
Nous quittons alors la côte Pacifique pour retourner vers d’autres cordillères: la Blanche, une chaine de montagne enneigée, qui fait face à la cordillère Noire. Après une montée de col à 4000 mètres dans les nuages, nous arrivons à Huaraz, mais n’avons pas pu profiter au maximum des magnifiques paysages, la saison des pluies continuant de ne pas nous épargner, on a la tête dans les nuages la plupart du temps.
Même si la ville de Huaraz n’est pas une splendeur, pour nous ce sera repos sur le parking d’un hôtel qui nous prête son parking, son eau à volonté, et son wifi. On y reste scotchés deux nuits et une journée complète : on avait besoin de souffler un peu !
Nous y faisons nos emplettes quotidiennes au marché très plaisant de la ville où tous les paysans viennent là vendre leurs pommes de terre aux variétés multiples, cochons d’Inde et poulets – tués sur place à la commande- et autres poissons dont nous nous régalons.
Revigorés par ce petit repos, nous quittons la ville pour retourner vers des contrées plus rurales dans le parc national de Huascaran, au bord des lagunes Chinancocha et Orconcocha que nous atteignons après 3 heures d’une piste plutôt moyenne, mais entourés de montagnes colossales de Granite et les neiges éternelles à leurs sommets.
Nous y plantons notre bivouac : des eaux turquoises, le temple du silence… génial ! jusqu’à ce qu’arrive tout un régiment de la police nationale qui a l’idée comme nous de passer la nuit ici…mais avec des motivations bien différentes des nôtres…au programme : exercice nocturne, avec simulation de défense d’une cible, armes à l’appui, et il semblerait que nos amis fonctionnaires aient trouvé en notre camping-car LA cible qu’ils cherchaient pour cet exercice. (Les fonctionnaires nous avaient pourtant prévenus que cette nuit nous serions très bien surveillés, mais nous n’avions pas intégré l’ampleur de l’exercice…si rapproché)
Résultats : de minuit à 5 heures du mat : c’est la guerre des étoiles autour du camping car, ça crie dans tous les sens, ça courre partout fusil à bout de bras, et toute la troupe encercle le camping-car…ça repart, ça revient, vue du la capucine, c’est pittoresque…
Bivouac et ballade dans le parc Huascaran
Le mont Huascaran (6768 m), 2ième sommet d’Amérique du Sud
après l’Aconcagua en Argentine.
Belles rencontres sur la piste du parc Huascaran
Notre route nous emmène ensuite parcourir le Canyon del Pato, par une piste vertigineuse, très impressionnante, mais qui vaut vraiment la peine car le paysage est spectaculaire et les sensations de vide inégalées…
Cherchez bien les petits trous noirs dans la roche…ce sont les tunnels qui nous attendent !
Nous prenons beaucoup de plaisir jusqu’à la ville de Huallanca où nous bivouaquons, puis continuons la piste pour rejoindre la côte pacifique, et là, c’est une autre affaire. Coup de chance cependant ce matin, tous les garçons sont de bonne humeur et Victor ne fera donc pas de petit stage au fond du camping-car comme hier matin après qu’il ait envoyé ses tartines de confitures à la tête de son frère qui avait lui, juste avant, renversé son bol de lait sur la banquette du camping-car…moi je vous le dit, la promiscuité dans le camping-car, c’est bon pour travailler son self-control…
Nous roulons donc joyeusement et retrouvons une altitude plus basse, mais ne savons pas encore que nous allons nous farcir la pire piste jamais empruntée depuis le début du voyage : nous longeons le Canyon del Pato, certes dans un paysage de montagne monumental, mais c’est interminable (8 heures pour faire 65 kilomètres) et Ludo doit démonter 4 fois les roues jumelées pour retirer des pierres qui s’y étaient coincées.
Commentaires
Merci pour tous ces détails!
A bientôt
Serge
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De nombreuses mines à charbon sont encore en activité sur cette piste
Au soir de cette grosse journée de route, nous arrivons non sans mal sur la côte en traversant de nouveaux paysages et en découvrant de nouvelles plantations.
Nous plantons notre bivouac au bord de l’Océan à Santa. Ici s’ensuit, une rencontre brève mais absolument sympathique. Alors que la nuit tombe, nous nous approchons du bord de l’Océan, et rencontrons une femme, son mari et leurs deux enfants qui s’affairent autour d’une embarcation bien modeste. Nous engageons la discussion, et passées les premières minutes de compliments sur notre périple et les facéties de nos 3 zinzins, nous glissons sur leur terrain, leur quotidien. Guillermo est pécheur, Maria sa femme, transporte les poissons, et leurs deux enfants travaillent avec eux pour des revenus de misère. Guillermo s’apprête à partir en mer pour la nuit, et nous donne rendez-vous le lendemain matin pour venir choisir nos poissons dans le bateau, ce que nous faisons à la première heure quand nous voyons sa femme arriver avec les ânes pour récupérer sur la plage, la pêche du jour…Nous reprenons notre discussion entamée la veille et Guillermo fini par nous inviter chez lui pour partager leur quotidien et leur repas ! On est loin des préoccupations européennes…et l’invitation est à l’image de la générosité des Péruviens.
Notre itinéraire nous emmène maintenant en direction de Trujillo et nous rejoignons la plage de Huanchaco pour bivouaquer où nous ferons des tas de rencontres très sympas et où nous restons finalement 4 jours.
Nous rencontrons tout d’abord Marina et sa famille, qui habitent Trujillo et qui nous invite chez elle pour la soirée où nous passons un bon moment de rigolade et d’amitié avec son fils, cousins, cousines…. Marina met toute son énergie à parler français avec nous, elle a passé 18 ans en Suisse, et adore parler politique et économie mondiale (ohhh, quelle aubaine, je ne saurais la manquer !,) ce qui nous occupera une bonne partie de la soirée, le tout arrosé d’un petit alcool local à la mure qui anime copieusement les débats, le tout en espagnol…
Nous attraperons un bus, où plutôt le bus nous attrape sur le trottoir, et comme en Bolivie, ici le bus ne s’arrête jamais (cette fois j’en suis sure, les conducteurs sont ici rémunérés au temps passé sur l’accélérateur, et il doit certainement y avoir un système de décote salariale pour chaque coup de frein donné). Bref, après ce petit tour de manège qui amuse beaucoup les enfants, nous retrouvons tard dans la nuit notre bivouac, bercés par les vagues à quelques mètres du camping-car….
La plage où nous nous trouvons est un grand spot de surf et lors des levers et couchers du soleil, les pros de la planche se jettent sur les vagues. C’est ici aussi que nous pouvons voir les pêcheurs modestement équipés de leurs canoës en roseaux, les “caballitos de totora” pour partir à l’assaut des vagues.
Nous passons la journée sur la plage avec Marina et sa famille qui nous ont rejoint, et Ludo et Mathieu tentent de jouer les surfeurs du Dimanche. Les enfants ne s’ennuient pas, ils se font des tas de copains.
Après cette pause de 4 jours bien sympathique, nous continuons à longer la côte pacifique péruvienne, qui était le berceau de plusieurs civilisations pré-incas. De nombreuses ruines de ces peuples plus ou moins anciens se trouvent ici, et nous nous rendons sur le site de Chan Chan, la plus grande citée pré-incas (ici les Chimus) construite en adobe, et malheureusement en grande partie détruite lors des passages répétés d’El Nino. On peut donc visiter une petite partie restaurée, très différente de ce qu’on a pu voir dans l’architecture Inca.
Site pré-inca de Chan Chan près de Trujillo
Site pré-inca de Chan Chan près de Trujillo
Nous reprenons la route et nous dirigeons vers Chiclayo où se trouve un autre site pré-inca qui était construit en forme de pyramides. C’est le site de Sipan construit en 300, et où les archéologues Péruviens ont récemment découvert (20 ans seulement) de nombreuses tombes, pour la plupart pillées. Aujourd’hui, les évènements climatiques ont réduit ce site à d’énormes tas de terre dans lesquels sont pourtant enfouis des choses surprenantes, et de très nombreuses fouilles sont encore en cours. Les tombes de Sipan sont visibles et plutôt bien reconstituées, mais leur contenu réel, dont la valeur des trésors est inestimable, est désormais présenté dans un musée qui vaut vraiment le détour (Museo de los Tombes reales au nord de Chiclayo). Les enfants aussi ont adorés.
Ce musée présente d’innombrables objets, bijoux de grandes valeurs, qui ont d’ailleurs été récupérés après le démantèlement d’un trafic, et c’est tant mieux pour nous car nous nous régalons.
Sympathique bestiole au milieu de la route du site de Sipan !!!
Notre remontée vers le Nord du Pérou s’achève par une grande traversée du désert de Sechura et un dernier bivouac au bord d’une plage très sympa à Punta Sal où nous sentons que l’Equateur n’est plus très loin…preuve en est notre thermomètre qui affiche un joli 40° dans le camping-car ! une bonne raison d’aller se baigner !
Mais le bilan de cette remontée du Pérou, c’est aussi une demi-douzaine de contrôles policiers qui tournent à la corruption attitude, et qui, étrangement, se sont vite enlisés dès lors que nous proposions à nos gentils interlocuteurs d’appeler ensemble le consulat de France pour justifier de ladite infraction totalement imaginaire.
Sauf une fois, où là, effectivement dépourvus de notre ceinture de sécurité règlementaire et à priori obligatoire pour les touristes (…), un 4×4 gyrophare multi lumineux, et sirène hurlante à nos trousses, vient rouler aux cotés de Ludo pour dégoter un magnifique cliché issu d’un Polaroid nouvelle technologie, déclenchant dans l’équipe adverse une hystérie digne d’un marquage de but.
Cette fois l’infraction est incontestable, mais le montant de l’amende initiale qui approche le PIB du pays nous semble légèrement grotesque, au point de démarrer d’emblée une négociation à n’en plus finir jusqu’à la nuit. L’ambiance tourne rapidement en mode salle de vente aux enchères, mais vers le bas…et encore, la nuit ayant déjà bien déboulé, on aurait pu faire mieux si nous n’avions pas eu à trouver en urgence un bivouac pour dormir…
Et puis la pollution sonore des véhicules mérite une palme ici, on joue du klaxon bien mieux qu’ailleurs pour signifier « attention j’arrive ET je ne vais pas m’arrêter! », alors on s’y est mis aussi, sinon on serait encore à Cusco.
Ces petites habitudes folkloriques n’enlèvent rien au charme de cette destination que nous avons vraiment adorée, le niveau de vie précaire de la plus grande part de la population est d’autant plus touchant que la gentillesse est dans l’ADN de tous les péruviens que nous avons rencontrés. Ce pays est pour nous une perle.
Voilà le Pérou, c’est fini ! Nous en partons tous bien nostalgiques mais maintenant la page se tourne en ce 29 mars 2012, car c’est l’arrivée en Equateur, par la frontière de Huaquillas.
Source : http://www.losmaynardos.com/
Merci à vous pour ce beau récit imagé!
A bientôt
Serge
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