Carnets de voyage !

Il faut dire que le choix de notre destination n’a été qu’un concours de circonstance ! 6 mois auparavant il n’était même pas question de voyage et le Pérou n’évoquait pour nous que «tintin et le temple du soleil», les bonnets de laine aux oreilles de teckel ou la carte postale mondialement connue du macchu !

C’était sans compter sur notre fils qui, très attiré par l’Amérique du sud, avait postulé dans son école pour un trimestre à Lima. Le Pérou…pourquoi pas !… Le projet était lancé pour le rejoindre cet été. Nous avions peu de temps pour tout organiser et il n’était pas question d’un programme clé en main avec visites des sites au pas de course et d’approcher la culture de ce pays à travers les vitres d’un bus !

Après des recherches hasardeuses sur le net. C’est le Routard, riche de renseignements qui nous a conduit jusqu’au site de Tout Pérou, parfait pour préparer notre voyage en toute liberté avec une solide équipe sur place pour vous aider dans les démarches !
Nous avions pleins de questions et nos messages ont du saturer leur boite mail… Bienveillants, ils nous ont toujours répondus ! Réponses rapides et précises qui nous ont fait gagner un temps précieux. Ils ont réservé les billets du machu picchu dont ceux au tarif étudiant, inaccessibles depuis la France, aidé pour gérer en espagnol les aléas des changements intempestifs de nos vols intérieurs, mon espagnol ou ce qu’il m’en restait de mes années collège, étant très insuffisant.

Quelques mails et bagages plus tard, c’est le grand départ ! 22 heures de trajet via Atlanta. Rude mais plus économique ! A notre arrivée nous étions soulagés d’être pris en charge par le chauffeur de confiance de Tout Pérou. Nous n’étions plus en état de négocier le prix pour le taxi.

Lima l’immense avec ses 10 millions d’habitants (1 tiers de la population du Pérou). La première impression de Lima, c’est malheureusement sa pollution ! Dans les rues les plus fréquentées, c’est une odeur permanente de gas-oil et de caoutchouc brûlé. En plus d’une forte humidité (on est au bord de la mer), la capitale baigne dans ses fumées. Le pays se modernise depuis peu et dans une capitale aussi peuplée, il n y a encore ni métro ni bus réguliers. La rue est un passage incessant de voitures, de bus de toutes tailles et… de tous états, et surtout de taxis qu’utilisent quotidiennement les péruviens qui sont peu nombreux à posséder une voiture. A moins de 2 euros la course, pourquoi s’encombrer !!
Le niveau de vie est faible mais le pays est en plein développement, vous trouverez dans la rue un nombre hallucinant de petits fonctionnaires : agents de changes, agents de sécurité devant les boutiques, jardiniers, agents de circulation pour les voitures, pour les piétons, etc. Chacun avec son uniforme de couleurs, brodée au dos la charge dont il est responsable et bien sur beaucoup de policiers.

Tout Pérou, lors du briefing à l’hôtel règle les derniers détails du séjour et nous prête un téléphone locale (il nous sera très utile pour joindre nos hôtes durant le séjour voir indispensable) et nous confie aux bons soins de notre chauffeur du jour : Edgar (eh oui, ça ne s’invente pas ! On s’attend plutôt à un majordome en livrée comme celui des Aristo chats de Disney!) Conducteur typique mais néanmoins très sympathique, il nous a régalés de sensations fortes à travers les rues de Lima. Ne soyez ni surpris ni vexé, lorsque vous réglez la course la majorité d’entre eux vérifie l’authenticité de votre billet mais surtout de son état ; les banques refusent les billets abîmés !

Gare à celui qui pose un pied sur la chaussée sans regarder. Même sur le passage piéton, le péruvien ne s’arrête pas ! Il klaxonne aux moindres ralentissements ou pour signaler sa présence. Oubliez la notion de priorité, nous ne sommes plus en France ! Ils se frôlent sans jamais se percuter mais étonnement ils sont très doués pour s’éviter et rares sont les accidents, c’est affolant ! Il n’y a que les feux rouges pour les arrêter ! Une course en taxi vaut un tour de manège, sensations garanties !

La traversée de la ville est le meilleur moyen de se rendre compte à quel point la ville est portée par ses habitants. Les logements sont bricolés, rafistolés. Dans la rue c’est le système D : de petites échoppes à tous les coins de rue et des vendeurs ambulants au bord des routes. C’est vraiment le pays des petits boulots. Rien de commun avec Miraflores, quartier chic et plus sur de Lima où s’est installé notre fils Jean Baptiste. C’est la vitrine de lima, plus clean mais tellement moins authentique.

A voir : le centre historique aux bâtisses imposantes, des grilles ouvragées aux portes, des bow-windows et des façades hispaniques typiques. On devine une très forte influence espagnole qui nous rappelle qu’ils sont à l’origine de cette ville. Magnifique, Le musée Larco niché au milieu des bougainvilliers, une exposition complète sur l’histoire précolombienne de ce pays. La richesse et le raffinement des objets exposés valent vraiment le déplacement.

Impressionnante l’arrivée de nuit sur Arequipa, on atterrit sur une nappe de petites lumières à perte de vue ! Vous la saviez peuplée mais pas à ce point étendue !
Le Pérou est une terre de tremblements de terre. Le dernier plus violent date seulement de 2007. Les maisons sont le plus souvent de plein pied, à un étage voir deux maximum. Cela explique une telle étendue du tissu urbain.
Autre particularité de l’arrivée, l’ombre majestueuse du volcan et les montagnes qui entourent la ville. Une belle surprise quand vous les découvrez le matin au réveil.
Notre hôte Rosa Luz est charmante. Un petit bout de femme (le péruvien est petit !) qui nous accueille comme de vrais amis.

Le couvent San Catalina est le site incontournable ! C’est une ville dans la ville. Il abritait autrefois des religieuses avec pour chacune sa propre maison entourée d’un petit jardin ou d’un patio. Les murs sont étonnamment colorés de bleu indigo, rouge éclatant. Une explosion de couleurs derrière un mur d’enceinte insoupçonnable depuis l’extérieur. Ce lieu étonnant n’a rien d’austère ni monacale !

Plus loin on découvre au détour d’une rue la place des armes entouré de longues façades, de restaurants à l’étage en terrasse. Toujours très animé c’est le point de rencontre des habitants mais saturé de touristes. Plus surprenant c’est le lieu dédié aux manifestations sociales !
Le quartier est plein de petite … à découvrir (à noter la plaza avec des boutiques intéressantes de tricots en alpagua).
Arequipa n’a d’intérêt que son centre ville. La visite de l’écomusée d’alpagua ou du point de vue depuis… ne nous ont éblouis ! L’idéal serait d’y rester quelques jours de plus pour visiter le fameux canyon de colca que nous avons du à regret écarter de notre programme, le temps nous faisant cruellement défaut. Une bonne raison pour revenir !

Après ces 2 jours à Arequipa, départ par le bus de nuit vers Cusco. Le confort est au top mais la route est sinueuse et défoncée de nids de poules qui plafonnent la vitesse à une moyenne de 70 km /heure. 10h pour 500 Kilomètres. La route, mais surtout la montée en altitude se rappelle à mon estomac. Nous arrivons épuisés à Cusco à 3700 d altitude, plus haut que la plupart des massifs français, incroyable !

Arrivés aux aurores, nous rencontrons William, un expatrié français de Toulouse, découvert lui aussi sur le Routard, la gentillesse du sud-ouest exportée au Pérou ! Il sera notre hôte à Cusco. Il nous accueille avec un solide petit déjeuner et l’inénarrable mate de coca à consommer sur ses conseils à volonté pour combattre mon mal de l’altitude.

Il nous emmène au grand marché de Cusco loin du centre ville. Très animé, débordant de couleurs, nous avons ce rare privilège d’y être les seuls touristes, un beau cadeau ! Nous faisons une première visite de Cusco, ce sera notre ville préférée au Pérou. Les sites à visiter dans et autour de Cusco sont nombreux. A chacun d’y trouver son bonheur !

Le lendemain, un chauffeur de tout Pérou nous prend en charge pour la journée pour nous transporter partout là ou nous voulons ! Nous commençons par le site majestueux de Pisac et son marché puis l’authentique Chinchero ou nous rencontrons la communauté Quechua très attachée à ses traditions religieuses avec leurs costumes haut en couleurs qu’ils portent quotidiennement. Nous découvrons le site magnifique des salines de Maras au terme d’une belle randonnée sur les hauteurs du massif et bouclons ce trop court passage dans la vallée sacré (pas assez de temps…) par la forteresse d’Olantaytambo, un avant goût du plus attendu de notre voyage :le Machu Picchu !!

Arrivés la veille par le train hors de prix qui relie ollantaytambo au village du machu picchu (Aguas calientes, très moche!), nous nous levons aux aurores pour être les premiers au bus qui monte au site. Mauvaise surprise, nous ne sommes pas les premiers. Au contraire, une heure d’attente ! Pire qu’un jour de soldes en France… Nos enfants, plus courageux que nous, voir plus inconscients, décident de monter à pied.
Parvenus en haut, nouvelle queue ! Pas de quoi nous décourager mais le temps presse, nous sommes attendus à 7h au pied de la Montana.

La Montana, c’est une grimpette de 2300 marches pour contempler 600 m plus haut le site du macchu pichu ! Ce n’est pas une simple montée mais une véritable quête, le graal, une mise a l’épreuve de nos tendons et de mes poumons ! Les marches sont très hautes et irrégulières et quand il n’y en a plus, il y en a encore !
C’est aussi un merveilleux moment de solidarité. Entre ceux bienveillants qui descendent vous persuadant que vous y êtes presque ! (bien sur. C’est le énième de qui vous dit la même chose… Mais ça fait tellement plaisir), ceux qui vous dépassent après un brin de causette (enfin surtout eux, moi je ne respire plus !) ou ceux que vous doublez (si, si !) et auxquels vous transmettez ce même élan, c’est un beau moment d’échange.
De ce fait, parvenus la haut (mais si !), vous connaissez déjà tout le monde et l’ambiance est à l’image du spectacle chèrement acquis qui s’offre à nous en contrebas : une pure merveille !

A défaut de champagne nous avons englouti un paquet de tagada pour fêter notre exploit. Apres ce moment de grâce et une descente douloureuse, nous visitons avec une guide locale enthousiaste l’ensemble du site. On comprend pourquoi ce joyau est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Nous avons voulu pleinement en profiter et sommes redescendus avec les derniers bus, des étoiles pleins les yeux.
Nouvelle nuit à aquas caliente (je le déconseille même si cela vous fait descendre un peu plus tôt du macchu) sans aucun intérêt.

De retour à Cusco le lendemain, nous nous imprégnons de cette ville magnifique une dernière fois en sillonnant malgré nos courbatures les petites rues et de l’ambiance très spéciale qui y règne. Quelques ceviches, empenadas et Pisco Sour plus tard, nous passons une dernière nuit chez William. Pensez à observer le ciel la nuit, à cette altitude, il est fascinant…
Notre dernier jour à Lima nous laisse un sentiment partagé. Nous aurions voulu rester un peu plus longtemps pour découvrir d autres lieux… émerveillés de ce que nous avions déjà explorés mais tristes de boucler le dernier jour de ce voyage dans la seule ville du Pérou si peu représentative de l’âme de ce pays.
Mais comme nous dit Laurent de Toutperou « une bonne raison pour revenir ». A suivre !

Une dernière petite chose pour clore ce récit, une dédicace à tous ces anonymes que nous avons croisés, et de vous dire que ce qui me touche dans ces voyages ce sont ces petits miracles des rencontres. Dans notre pays, jamais il ne vous vient à l’idée d’interpeller le voyageur dans la rue et d’échanger sur ses impressions de voyage mais des lors que vous faites partis de cette famille si mobile… des globes trotters en tout genre vous parlez le plus naturellement du monde avec ceux que vous rencontrez : autochtones ou touristes étrangers, pour échanger comme si vous vous connaissiez depuis toujours, puis vous vous quittez aussi simplement que le font de bons amis.
Peu importe d ou l’on vient, c’est la même soif de rencontre qui nous fait nous reconnaître.