Après avoir quitté Lima, nous rallions la réserve naturelle de Paracas, splendide mariage entre un désert ocre saisissant et l’océan. Nous nous arrêtons d’abord dans le petit village de pêcheurs du même nom que la réserve (ou le contraire…) et nous nous décidons pour un petit tour touristique en bateau vers les îles Ballestas; surnommées les Galapagos des pauvres en raison de la similarité de la faune (fous, otaries, pingouins), celle-ci est visible à seulement 1h des côtes sur quelques gros cailloux découpés. Nous ne sommes pas déçus. Noé et Manon sont ravis de ce tour en mer et le ballet des milliers de cormorans et des fous au-dessus de nos têtes est un superbe spectacle. Nous frôlons les otaries et les pingouins et si la magie des Galapagos n’est pas présente au milieu de la forêt de gilets de sauvetage fluos de notre bateau et des vedettes alentour, nous sommes heureux de revoir cette belle faune marine.
Nous prenons ensuite la route de la réserve qui a l’avantage de ne pas avoir d’infrastructure pour la nuit, ce qui veut dire que seuls les campeurs et les camping-cars y restent. Nous y passons deux jours sereins, à admirer l’Océan Pacifique seuls sur des plages immenses avec le fracas des vagues et du vent dans les oreilles.
Pour le pseudo-breton que je suis, le plaisir est immense de retrouver l’iode et d’observer le bal des oiseaux. Manon marche sur la plage et part à la récolte de ses trésors: bouts de bois, cailloux, plumes et carapaces de crabe (ce qui permettra à maman de faire un joli cours de biologie marine, voir photos). Elle est maintenant comme un poisson dans l’eau dans les immensités et continue de s’inventer des mondes.
La première soirée finira en beauté car nous avons la bonne surprise de voir arriver au bivouac François, Valérie et Julian, nos 3 amis-ricains, croisés rapidement à Banos. Nous nous suivions par mail sans trouver un lieu de rencontre (nous avons depuis 10 jours un planning assez serré pour être à l’heure pour voir Tatie) et les retrouvailles se font par hasard ! Nous passons une bonne soirée “choufly” (cocktail pisco-citron-sprite) sous une superbe pleine lune qui nous dévoile la côte comme en plein jour.
Le lendemain, les enfants jouent ensemble pour le petit-déjeuner et nous partons observer tous ensemble une colonie d’otaries, puis quittons nos amis qui ont rendez-vous pour aller chercher un pneu à Ica (y’a plus glamour mais c’est aussi ça le voyage ici..). Nous mangeons sur la plage un bon poisson grillé, accompagné de deux jeunes français en vadrouille. On boit ensemble le café maison (merci Gwen pour la cafetière italienne et le café équatorien !), bien serré, ce qui semble les ravir et là encore nous leur disons au revoir ! Ces rencontres furtives nous laissent toujours un petit goût d’inachevé mais réchauffent nos cœurs esseulés.
Nous aurions aimé rester plus dans ce lieu magique qu’est la réserve de Paracas mais c’est déjà l’heure de partir, ce qui renforce ce que je ressens depuis notre départ de Los Organos. En effet, depuis la plage, nous avons un planning de “touristes”, enchainant les visites “obligatoires”, optimisant le parcours et comptant les jours. Combiné au fait que le Pérou s’avère bien plus touristique que l’Equateur et donc que le contact avec la population est bien plus mercantile et dépourvu de spontanéité, nous avons la sensation de survoler ce pays, de ne pas le vivre de l’intérieur comme nous l’avions fait en Equateur. Les pages du Lonely Planet se tournent, nous cochons les cases de ce qui est à faire mais sans réussir à nous immerger. Nous réalisons que le bien le plus précieux de ce voyage, c’est le temps. Notre objectif d’être à la péninsule de Valdès en octobre est finalement une contrainte insidieuse, qui nous a poussé à demander à Hervé et Amélie d’arriver autour du 20 à Cuzco et nous contraint depuis 15 jours à accélérer. C’est désagréable et nous nous disons qu’il va falloir de nouveau trancher dans le vif et peut-être revoir à la baisse l’étendue des territoires que nous voulons traverser avant de rallier le sud. D’un autre côté, cela nous conforte dans le fait que notre décision de ne pas faire l’Amérique du Nord est la bonne. Le bonheur, c’est de lever le camp quand on le désire, de stopper son camping-car à la mi-journée dans un endroit plaisant, sans se dire qu’on aurait pu rouler encore 2-3 heures et gratter une centaine de kilomètres. J’ (Max) avais marqué en plaisantant qu’un de mes défis lors de ce voyage était de devenir cool… Je l’avais noté en sachant pertinemment que j’en étais loin mais maintenant je ressens en tous les cas le besoin d’essayer de le devenir. A la trentaine, je ne pense pas qu’on puisse changer radicalement de caractère mais je vais tenter de me mettre dans les bonnes conditions pour. Après la visite d’Hervé et Amélie, nous devons nous pencher sur l’itinéraire vers le Sud. Les grêves à la frontière Pérou-Bolivie au bord du lac Titicaca, les avis divergents sur la possibilité de faire le Sud Lipez avec Hari, nos sensations physiques en altitude (sommeil plus léger et enfants plus irritables): nous allons mélanger tout ça et essayerons d’en sortir un itinéraire laissant place à la flânerie.
L’Equateur, mis à part la mise au point initiale de la vie en vadrouille, nous a montré une voie que nous aimerions retrouver: contact avec la population, vie au rythme des enfants. On verra bien..
L’autre sentiment qui émerge (j’en ai en fait bien pris conscience après ma discussion Skype avec notre néo-malaysien préféré), c’est que les objectifs de voyage que j’avais en tête, je ne les atteindrai pas. Hormis ce blog et les contributions à Echoway, exit l’apprentissage de la photo, la rédaction de contes pour enfants et les cours d’espagnol formels que ce soit par ordinateur ou dans une école (pourtant, on avait chargé pas mal de méthodes Assimil et autres dans l’ordi). Non pas que je le dise avec amertume mais cette aventure est bien celle d’une vie en famille bien plus qu’une vie en Amérique du Sud. En les ayant 24/24 (Manon ne fait plus la sieste depuis plus d’un mois, à part en roulant), il est difficile de mener plusieurs choses à la fois, sinon c’est le risque de la fatigue, de l’énervement, et ce sont eux qui trinquent et le couple qui se déchire pour une parole trop haute ou un geste déplacé. Pourquoi vouloir sortir du quotidien si c’est pour retomber dans ses travers ? Et quand on prend le temps de les regarder, quand ils ont notre attention, que de rires, que de larmes dans les yeux à voir ces petits bouts de chou grandir et s’émerveiller. Alors pour le reste, j’attendrai la retraite où j’aurai largement le temps de m’emm… à construire un beau camion douillet avec ma douce pour parcourir le monde (bon, là, je m’emballe, on a le temps). Bref, les zouzous, ce voyage est pour vous, le reste attendra. Comme je le dis souvent, je ferai ça dans une autre vie Clignement d’œil
En attendant nous continuons à butiner les paysages : la lagune de Huacachina, complexe touristico-juvénile dédié au sandboard et au buggy des sables. C’est bien une oasis mais une oasis de touristes, quasiment que ça. On profite rapidement du coucher de soleil du haut des dunes (plus de 100m de haut quand même) en se roulant dans le sable avec les enfants. Le soir, retrouvailles avec les amis-ricains équipés de leur nouveau pneu. Valérie nous cuisine un succulent poisson à la vapeur-poêle, technique consistant à enrober les filets de poisson dans du papier sulfurisé. Miel, épices, amande, filet frais: excellent ! Merci encore !
On fait ensuite un saut rapide aux lignes de Nazca qui nous déçoivent quelque peu. Il est vrai qu’on ne les a vues que depuis le mirador métallique du bord de Panam mais les dimensions des 3 que nous observons ne sont pas aussi impressionnantes que celles fantasmées.
Nous entamons ensuite la montée vers Cusco que nous ferons en 3 jours, au milieu de paysages grandioses passant du niveau de la mer à un plateau à plus de 4000m. Les couleurs, les cultures, les gens, tout change au gré de ces 660 kms enchanteurs.
Nous passons la dernière nuit dans des thermes en contrebas de la route où nous passons une excellente matinée au chaud (1800m, quasi la plage dans le coin ! et l’eau du ruisseau à 37°C !) et croisons une famille suisse partie à 6 (4 ados !) pour 4 ans et plusieurs continents. Leur récit de la traversée de l’Himalaya avec un camping-car quasi comme le nôtre (bon d’accord Nico et Pascal, c’est un Iveco..) nous confirme que nous avons bien de la marge en terme d’aventures ! Mais, ça donne des idées, surtout l’Afrique…
Source: http://www.manohe.com/
Commentaires
Un grand merci!
A bientôt
Serge
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