Comment nous sommes nous retrouvées en première ligne d’un groupe de danse folklorique de carnaval péruvien? Je me le demande encore, mais ne regrette rien de l’expérience sauf peut-être d’avoir bu un peu trop de caña avec les anciens du groupe, mais comme tous me l’ont répété : cela fait partie de la tradition !
Quand Nanci, une « maman » de l’orphelinat où nous intervenons nous a proposé une semaine avant le carnaval d’assister à une répétition de son groupe de danse, curieuses nous avons accepté. A peine rentrées dans la salle, nous sommes chouchoutées par toutes les mamitas qui veulent absolument nous avoir avec elles pour le concours (nous sommes flattées tout en sachant que le fait que nous sommes des « gringas » n’y est pas pour rien: nous avoir à leur côté leur permet de se démarquer face aux autres groupes, autrement dit, nous représentons la petite touche exotique…). Pour expliquer l’importance du concours il faut savoir que tous les ans, mi-mars se déroule à Andahuaylas un concours international connu dans toute l’amérique du sud : le Pukklay, concours où s’affrontent des groupes de carnaval populaire venus de toutes les régions du Pérou et d’autres pays. L’enjeu financier est conséquent : jusqu’à 35 000 soles pour les premiers (9 000 euros) et la reconnaissance locale est très importante également. Le premier weekend de mars marque la date du début du carnaval qui durera tout le mois ainsi que les premières qualifications pour le Pukklay : chaque village vote pour un groupe qui le représentera ensuite.
Nous voilà donc tous les soirs en train de nous entrainer à « zapatear » c’est à dire taper du pied de façon très rapide au rythme de la quena, du violon et des charangos, chanter en espagnol et en quechua des chansons traditionnelles (et franchement paillardes ! ). Des mamitas nous prêtent des costumes composés d’une jupe, d’un jupon en dentelle (le jupon doit être joli car il est censé se voir), d’un carré de tissu ressemblant à un tapis de bain en moumoute qui se met sur les épaules, d’un chapeau orné d’un ruban aux couleurs de notre groupe et d’une blouse un peu kitsch recouverte de dentelle.
Le jour J, nous sommes présentés en grandes pompes au maire avec lequel nous partageons quelques bières. Ce monsieur nous recouvre également les joues de talc (on n’a toujours pas compris à quoi cela servait) et nous enroule des serpentins autour du cou : nous sommes fin prêts et le défilé commence. L’ambiance est festive et bon enfant : les gens du public nous lancent des bombes à eau, de la mousse à raser tandis que nos compagnons de danse s’enfilent des verres de caña (eau de vie locale) dans des bouteilles cachées sous leurs ponchos. Les robes de toutes les couleurs tourbillonnent, les jupons virevoltent et tout le monde chante de tout son coeur afin d’impressionner le jury. Nous terminerons deuxième ce qui n’est pas si mal étant donné que le chef de troupe avait changé la chorégraphie la veille et que vu de l’intérieur cela ressemblait juste à un joyeux bazar.
Photos 1 à 3 : durant notre carnaval à Talavera
Photos 4 à 8 : le lendemain, Jessie et moi nous nous rendons dans un autre village voir défiler nos chouchous de l’orphelinat, ils sont tous trop mignons et nous passons encore la journée à danser.
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Commentaires
Merci Charlotte! Belles images!
Amicalement
Serge
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